Hier, avons reçu Françoise. Il y a eu deux parties dans notre
conversation. De la première, Nathalie fut absente : nous traitions de
géopolitique ou de politique nationale, du concordat, etc. Du concordat en lien
avec la conférence à laquelle nous avions assisté la veille. La suite traita de
la foi.
Je n'ai jamais compris la foi des modernes. Françoise appartient
à cette rare catégorie de croyants qui n'ont pas besoin de croire. Ses assises
intérieures sont assez solides pour la soutenir sans cela. Du coup, je ne
comprends pas en quoi elle croit.
Elle répercute, comme Hervé, l'idée que Dieu nous aime et que
cela peut changer notrevie,même si cette découverte ne contient pas d'appel au
changement explicite.
J'ai beaucoup de mal à me convaincre que Dieu m'aime.
Rationnellement, je me dis qu'il a autre chose à faire, mais aussi que
l'Evangile ne présente pas ce visage éthéré d'un dieu énamouré. Ses paroles
reçues directement tendraient plutôt à Le montrer nous menant par le chantage.
Qu'est-ce qui a fait édulcorer la violence de l'Evangile ?
Une pastorale de l'assoupissement, comme a pu l'écrire à peu près Fabrice
Hadjadj dans l'un de ses premiers livres publié au moment où mon frère l'avait
invité dans un de ses événements et où il trempait encore dans une certaine
branchitude, malgré un style d'écriture extrêmement archaïque.
L'Eglise ne veut pas réveiller les brebis qui dorment dans le
brouet divin. Au pire, toujours intellectuellement, cette certitude que nous
sommes aimés de Dieu est l'idée la plus narcissique jamais imaginée pour se
réconcilier les forces qui nous ont créées et ne nous demandent pas, à ce
compte, de continuer la création avec elles.
Françoise me dit que la certitude d'être aimé de Dieu relève
d'une expérience. Ce serait donc la nouvelle Grâce, la nouvelle foi qui ne se
donne qu'à certains élus : non pas qui est Dieu, mais comment Il mène. Les
catéchismes à l'ancienne faisaient dériver une lex faciendi de la lex
credendi et une lex credendi de la lex orandi. Que
devons-nous faire si avoir découvert que Dieu nous aime sufit. Nous avons
régressé de : Aime et fais ce que tu veux" à : "Dieu
m'aime, cela suffit", Je ne comprends pas.
Françoise me dit qu'il ne s'agit pas de comprendre, mais de
faire l'expérience et que nous n'avons rien à faire, comme le dit toute
une pensée qui va du quiétisme de fénelon aux conversations avec Dieu de Neal-Donald Walsh. Nous
n'avons rien à faire, un procrastinateur tel que moi ne demande pas mieux. Seulement comment Jésus reste-t-Il notre
Sauveur dans cette économie du croire ?
Où court en outre un autre paradoxe : c'est qu'il s'agit de
ne pas fuir notre prorpre image devant notre miroir. L'image de notre œuvre
dans le miroir de notre vie. Nous serions responsables face à nous-mêmes, mais
Jésus serait au-dessus de tout ça.