Une façon de poser la question de Dieu: y a-t-il quelqu'un au centre de cette conscience qui me tutoie?
La nature peut certes être invoquée pour prouver l'existence de Dieu; mais moi qui ne vois pas, elle ne me parle pas ou elle me parle peu. En revanche:
Une façon de poser la question de la Trinité est un détour par la parole:
certes, le moi, le ça et le surmoi sont une analogie convenable: on peut évoquer la topique freudienne; mais plus me parle le fait que tout parle en moi, la conscience est un vaste espace d'interlocution.
-Quelque chose me tutoie comme si je lui étais extérieur; je tutoie quelque chose que je ne connais pas, et ce va-et-vient entre le "je" et le "tu" fait que je réfléchis.
-Mais surtout je me critique comme si j'étais extérieur à mes actees ou étranger à mon jeu. "Il" est mon pronom critique. "Il" est le pronom que j'emploie quand, en moi, je parle de moi.
-Ce qui fait ma différence avec la Trinité, je me critique entre laudation narcissique et dépréciation pathologique, mais sans mansuétude et sans miséricorde; alors que la Trinité se critique en s'aimant dans la juste mesure, non démesurément; en voyant ce qu'elle a fait de bon, et cet amour est bon qu'elle se porte.