lundi 7 août 2023

Ressuscités ou transfigurés

Dans l’Évangile de la Transfiguration partagé et hier, en la fête de l'événement,quelque chose m’a frappé. Pierre, Jacques et Jean sont « pris » avec Jésus et emmenés « à l’écart » pour être les témoins d’une « ciélophanie » comme seul peut-être Moïse en a été témoin et comment réagit Pierre ? Impulsif et actif comme à son habitude, il se demande ce qu’il doit faire. Là où tout autre se serait prostré la face contre terre. C’est pour le calmer (hypothèse par exagération!) que la voix descend du ciel et dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le. » « Calme-toi et écoute! » L’extase suit la claire audition de cette voix. 


Le prêtre ne manqua pas de souligner que non seulement Jésus, mais chacun de nous était un enfant bien-aimé du Père, ce qui justifiait son apostrophe : « Bien-aimés du Père », chaque fois qu'il s'adresse à ses paroissiens depuis son arrivée, ce qui semble en avoir étonné plus d'un . 


Concernant Jésus, la révélation de l’amour privilégié du Père pour l’unique engendré contient pour nous une invite à écouter sa Parole, Parole de Dieu qui devient le centre de la vie de l’Église d’aujourd’hui, au détriment des christophanies postérieures à l’Évangile : les révélations privées ne sont pas objets de foi. Je comprends mieux, à la lumière de cette invite du Père devant son Fils transfiguré,  ce rôle central dévolu à la Parole de Dieu dans l’Eglise..


« Mais, ajouta le prêtre, si chacun de nous est un « enfant bien-aimé du Père », cela doit nous conduire à considérer chacun de ceux qui nous entourent comme des frères et des sœurs." Ce qu’il omettait de dire était qu’alors, cela induisait aussi que nous devions les écouter. Nous faisons grand cas de la parole de Dieu, mais relativement peu de cas de la parole de nos frères, l’histoire sacrée de chacun écrivant le grand Livre de vie qui complète le livre de la Création (les merveilles de mère Nature) et le recueil de la Parole de Dieu qu’est la Bible.  


Le prêtre termina en nous demandant comment on distinguait le jour de la nuit et cita un sage africain pour qui que ce n’était pas par le lever ou par le coucher du soleil, mais par la reconnaissance que chacun de ceux qui m'entourent est mon frère ou est ma sœur. « Voici, conclut-il, la transfiguration de ce monde auquel nous ouvre cet Évangile, avant-goût de ce qui nous attend dans la vie future". 


Ce lien avec notre attente finale m'a interpellé, car nous sommes tellement habitués à nous imaginer la vie future en termes de résurrection que nous n’imaginons pas qu'il serait encore plus d’être transfigurés que de nous retrouver à l’identique, miraculeusement reconstitués par la résurrection de la chair, mais reconstitués en corps glorieux. La transfiguration est un avant-goût de la résurrection, mais le signe avant-coureur n’est-il pas  préférable à la réalité promise ?