samedi 29 octobre 2016

La passion de la foi

J’ai la passion de la cohérence. La condition humaine est incohérente. Mais il ne faut pas laisser se majorer ces incohérences. Je crois qu’on gagne en cohérence quand on se connaît suffisamment. Le plus insupportable est d’être incohérent avec ses valeurs, d’être un croyant non pratiquant, non des rites par lesquelles elles se communiquent et sont transcendées, mais de ces valeurs elles-mêmes, telles qu’elles doivent s’incarner dans la vie. Car une valeur qui n’est pas incarnée ne vaut rien. Il n’y a pas de transcendance morale. La vérité vaut mieux d'être mise en question que présentée en propositions qui imposent autant de réponses et un donné-à-croire. D’ailleurs le Christ, Qui affirmait être la Vérité ontologique, disait être venu « pour une remise en question ». A quand un credo qui se proposerait dans la question plutôt que dans l’affirmation, ne faisant pas profession d’agnosticisme, mais non seulement n’affirmant pas ce qu’il ne peut pas savoir, ne confondant pas foi et certitude, mais gardant vis-à-vis du Mystère l’humilité de la question : « Si ta bouche proclame, si tu crois dans ton cœur. » Henri Tisot disait que le serpent avait des oreilles en forme de point d’interrogation. Dès lors, que faire ? Surtout si « on ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment », le cardinal de rEtz, ce prince de l’Eglise, contredisant directement l’Evangile, qui appelle à ne pas être ambigu sur le plan moral : « Que votre oui soit oui, que votre non soit non, que vous donniez en ignorant ce que vous donnez, et que vous ressembliez de préférence au fils qui dit non, mais fait la volonté de son père, qu’à celui qui promet de la faire et disparaît dans la nature. Il n’y a pas de transcendance morale autre qu’active. D’où l’impossibilité d’être ambigu. Au contraire, la foi est interrogative, d’où l’obligation d’être ambigue face au Mystère. La morale est assertive, la foi est interrogative. Le serpent a des oreilles en forme de point d’interrogation. Pourtant c’est le premier des confesseurs (cf. LA FOI DES DEMONS). Adam était placé devant l’évidence de dieu. Le serpent était dans la relation à Dieu, une relation disqualifiante. La foi du serpent était interronégative. La foi du diable a poussé la question jusqu’à la négation. Le serpent voulait être intelligent. L’intelligence interroge. La révolution de l’intelligence instaurée par les Lumières a consisté à donner le nom de raison à l’entendement, intelligence moins taxinomique et scolastique qu’interrogative jusqu’à la négation. Le problème du serpent est d’incliner vers la négation. L’humilité, mais aussi l’intelligence de la foi en question est d’incliner à affirmer. La foi incline à affirmer, fût-ce pour accrocher son détachement à du certain. La foi est une question qui incline vers l’affirmation. Le cynisme de l’intelligence qui ne veut pas savoir incline vers la négation. Ce cynisme culmine dans l’affirmation que la science procède par hypothèses et ne présentera jamais de solution de l’énigme. J’ai la passion de la foi. Ma passion de la foi est liée à ma passion de la cohérence. Le manque de charité devrait être un délit évangélique. J’ai la foi et j’aime la charité. Beaucoup de ceux que je vois faire profession d’être croyants n’ont pas la foi et manquent de charité. Je ne suis pas intègre sur le plan moral. Mon intégrité est personnelle. L’intégrité est l’autre nom de la cohérence. Elle est liée à la foi qui aime la charité.

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