samedi 26 juillet 2025

Les "attouchements christiques"

          
J'ai toujours entendu, ressenti, le "Ne me touche pas" de Jésus qui vient d'appeler "Marie" par son nom comme la protestation de l'Etre, au nom du sentiment ontologique, à ce qu'on ait de l'emprise sur lui: "Cesse de me tenir (ou de me retenir)", dit une autre traduction, "laisse-moi aller", "tu ne peux pas me retenir". Mais en même temps, on ne peut qu'être frappé par la similitude de ce même "ne me touchez pas", lancé par la première patiente de Freud (j'ai trouvé cette histoire dans "l'Histoire de la psychanalyse en france" d'Elisabeth Roudinesco), qui a donné au clinicien l'intuition de la méthode analytique, où l'analyste écoute son patient le dos tourné. Méthode d'un homme notoirement insensible à la musique, il faut le noter également.

La perspective de Claude Hériard n'est pas la meme que la mienne. On pourra l'approfondir ici:


Merci, Claude. Variations sur le toucher. Il y a donc plusieurs attouchements christiques dont un seulement est demandé à Thomas, "son Didyme", par son Corps glorieux qui doit encore faire des miracles, un peu comme si le pauvre Lazare revenait de chez les morts, pour convaincre envers et contre tout l'humanité incrédule que la vie a sinon du sens, elle a du moins un enjeu, qui est de ne pas ignorer son frère et de se donner à lui volontairement de son vivant.

Car vous citez cet épisode étonnant de l'Hémmoroïsse, où Jésus a l'air de se fâcher qu'"une force" soit sortie de Lui malgré Lui, ait échappé à Son intégrité, "une force" qu'Il veut récupérer dans un mouvement si naturel qu'on ne saurait croire que c'est la force de l'Esprit qui alimente la Trinité et qui vient chez nous contrarier nos plans, comme le vent dont on ne sait ni d'où Il vient ni où Il va"; force à l'origine du Reiki, disent certains de ses praticiens, à la fois intérieure à la Trinité et comme extérieure à l'homme jésus, venant Le bousculer lui aussi et Lui faire proférer des paroles bousculantes contre cette HémoroÏsse comparée à un petit chien qui vient lui dérober des miettes et qui devient à l'issue de l'épisode, l'emblème de cette foi à transporter les montagnes qu'Il souhaite voir active en Ses disciples si "lents à croire" et à réagir.
"Une force" venant agir le Christ avec la même "force polémique" ou "vis polemica" que Jésus déploie pour contrecarrer les pharisiens au coeur du Quatrième Evangile, force polémique qui n'est pas de même nature que celle par laquelle, au nom du sentiment ou de la dignité ontologique, Il s'oppose à l'emprise que voudrait avoir Marie-Madeleine sur l'Etre qu'est devenu Jésus même dans Sa nature humaine car Il a transcendé la mort, et l'être de l'HOmme-Jésus ressuscité voudra bien contribuer à l'hommerie en lui faisant voir des miracles, mais Il est devenu absolument insaisissable, "intenable, Il a acquis une dignité qui le met au-dessus du "commun des mortels".
Je n'ignore pas que cette perspective exégétique n'est pas la vôtre, mais je vous la communique en contrepoint de votre interprétation du paradoxe ou, comme vous l'avez proposé ici, je vous la communique synodalement ou en toute synodalité.
Vous êtes très adepte de la notion de "danse" aussi bien au sein de la Trinité qu'entre elle et Ses créatures, mais ce conflit des trois forces montre que certaines danses sont plus trash que les autres et qu'il ne faudrait pas réduire la danse à une circumincession plus ou moins masturbatoire ou autoérotique, même si l'Orient a le secret de mouvements plus subtils.
Enfin (et ce n'est pas la moindre des questions), il ne s'agit pas seulement que nous nous laissions toucher par Jésus, il faudrait que Jésus aussi soit touché par nous, par nous par qui Il ne se laisse pas toucher volontiers ou n'importe comment, et en cela Il nous apprend quelque chose sur la pratique du véritable amour. jésus ne se laisse pas toucher par nous à n'importe quel prix, et c'est plutôt une garantie de l'intégrité non feuerbachienne de son enseignement. Jésus, le Maître du désir, ne se laisse pas réduire à nos désirs.

 

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