Longtemps, j’ai cru pouvoir faire usage de ma
mémoire pour ériger une cathédrale littéraire originale à la manière de Proust.
À presque 45 ans, je découvre que j’ai tout à apprendre et dois copier de la
musique comme Bach avant de faire mon come back à mon projet original.
Longtemps j’ai cru que la mémoire était la
seule matière première qui fût digne d’inspirer une œuvre littéraire. Aujourd’hui,
je regrette presque que l’alcool m’ait fait gagner en mémoire ce que j’ai perdu
en imagination. On écrit à temps perdu, pour perdre son temps ou retrouver le
temps perdu.
Je m’aperçois aujourd’hui qu’on travaille moins
sur ses souvenirs que sur ses névroses. Le vaste mouvement d’auto-fiction dans
lequel nous sommes plongés est le symptôme d’une époque traumatisée qui n’est
plus capable de se réinventer.
Je suis observateur de moi-même et je travaille
sur moi, et je travaille sur mes névroses, non pas pour les guérir, mais pour
les rendre transparentes à force de les révéler. Il ne faut pas
se soigner car on ne mourra pas guéri, il faut vivre incurablement.
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