vendredi 9 mars 2018

Écrire ou la révélation des névroses



 

 

Longtemps, j’ai cru pouvoir faire usage de ma mémoire pour ériger une cathédrale littéraire originale à la manière de Proust. À presque 45 ans, je découvre que j’ai tout à apprendre et dois copier de la musique comme Bach avant de faire mon come back à mon projet original.

 

Longtemps j’ai cru que la mémoire était la seule matière première qui fût digne d’inspirer une œuvre littéraire. Aujourd’hui, je regrette presque que l’alcool m’ait fait gagner en mémoire ce que j’ai perdu en imagination. On écrit à temps perdu, pour perdre son temps ou retrouver le temps perdu.

 

Je m’aperçois aujourd’hui qu’on travaille moins sur ses souvenirs que sur ses névroses. Le vaste mouvement d’auto-fiction dans lequel nous sommes plongés est le symptôme d’une époque traumatisée qui n’est plus capable de se réinventer.

 

Je suis observateur de moi-même et je travaille sur moi, et je travaille sur mes névroses, non pas pour les guérir, mais pour les rendre transparentes à force de les révéler. Il ne faut pas se soigner car on ne mourra pas guéri, il faut vivre incurablement.

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