jeudi 4 mars 2010

ASTUCE POUR APPRIVOISER DE MOURIR

Il n'est rien que l'homme doive moins faire que juger puisqu'à juger, il a inventé le diable. Or il n'est rien que l'homme ne veuille juger, tant, depuis qu'il est entré dans le registre de la connaissance qui l'a fait sortir de celui de la dégustation, ne sachant guère où il va, il a peur d'où le mènent ses pas : en entrant dans la connaissance, il a pris peur de l'inconnu. Alors il s'est mis, tant qui'l y était, puisque c'était la chose du monde dont il savait le moins où elle le menait bien qu'il ne put échapper à "échapper", à s'inventer des croyances à propos de la mort afin d'apprivoiser l'indubitable fait qu'il devra un jour abandonner la place, du moins. Du moins l'abandonner sous la forme où il l'occupe actuellement et sous laquelle il éprouve actuellement sa condition sur ce terrain vague. J'essaie de mettre du liant où ne se sont que fixées de manière indépendante des étonnements idéatifs. J'ai entendu parler du diable lors d'une conversation entre Jacques duquesne et victor Malka sur "France culture" et j'ai moins cherché à rendre cette conversation qu'à la critiquer parce qu'elle ne m'a pas convenu, ne m'a pas convaincu. Ce journal ne se donne que des ambitions légères.

J'ai parlé du diable, je dis à présent un mot de la mort et je ne me jette sur ce thème que pour citer, parce que je l'ai trouvée incroyablement drôle, une remarque qu'a faite Mme scheidecker, habitante de la Résidence pour personnes agées où, à 36 ans, l'enlisement de ma vie m'a fait échouer par l'entremise et à l'initiative, peut-être justifiée, de ma mère.

Mme Scheidecker s'était fort ennuyée durant le petit spectacle que j'avais donné pour marquer, le 15 décembre dernier, l'avènement prochain de Noël. Elle s'était si fort ennuyée qu'avec ses corésidentes, Nathalie et moi étant en bout de table, la conversation dont nous étions exclus avait roulé sur les cimetières où l'on ne respectait plus rien et où on volait les fleurs à la toussaints et à Noël,et sur le moment de plier bagage. Et ce fut alors qu'elle dit, en rapprochant deux choses que je n'avais jamais entendues mêler pour nous tranquilliser de partir :
"enfin, ça doit être bien là-haut puisque personne n'a jamais eu l'idée d'en revenir !"

La même Mme Scheidecker, un spectacle plus tard, comme la gouvernante lui tendait l'appareil pour faire des photos, après avoir protesté que c'était déjà beaucoup de travail, eut la photo numérique heureuse. La seule qui avait réussi était celle qu'elle avait prise. Sur cette photo dont Mlle Karine la félicita, Mme scheidecker constata :
"en effet, sur cette photo, on voit mon derrière… Vous devriez l'accrocher en poster…" (Un postérieur en poster ?)

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